... je préfère attendre de l'avoir finie, vu que le titre de départ est devenu inadpté...
Chapitre I.
La jeune file, debout devant la grande fenêtre, regardait les arbres d’un air morose, tortillant nerveusement une mèche de ses longs cheveux châtains.
Une femme d’une quarantaine d’années qui lui ressemblait beaucoup entra.
- Bonjour, Ange.
- B’jour m’man, marmonna la jeune fille sans se retourner.
Le visage de la nouvelle venue se crispa.
- Que t’arrive-t-il ?
Toute la rancœur qu’Ange avait accumulée s’échappa soudainement.
- J’en ai assez ! Tu es ma mère, mais tu ne viens presque jamais me voir, et lors des rares moments que nous passons ensemble, tu ne me témoigne aucune affection !
À présent, elle regardait sa mère droit dans les yeux.
- Pourquoi caches-tu mon existence ? Pourquoi tu ne m’aime pas ?
- Angel…
- Non ! Je sais très bien que ce n’est pas mon vrai nom, et je voudrais savoir qui est mon père !
- Je n’en sais rien, et tu me sais. Quand au reste, c’est pour te protéger.
Sur le coup de la colère, Angel faillit révéler qu’elle connaissait une chose importante sur son mystérieux géniteur.
Ce qui lui aurait été fatal, car sa mère n’aurait eu aucun scrupule à la tuer.
À moins que… que c’était à cause de cette chose qu’elle avait mis sa fille dans cette situation et quelle avait ce comportement.
C’était la première fois qu’Angel pensait à cette possibilité, et cela la troublait intensément. Mais elle ne pouvait pas en être sûr, car elle ignorait qui se cachait réellement derrière l’apparence froide et distante de sa mère.
Une silhouette traversa le couloir, furtive et silencieuse. Attentive à ne pas réveiller ses « parents adoptifs », elle monta le vieil escalier de chêne qui craquait à chaque pas.
C’était une maison immense, aux murs de torchis et aux poutres de chêne, également présentes au plafond. Selon l’utilisation de la pièce, le sol était recouvert d’un parquet, toujours du chêne, ou de tommettes anciennes, et chacune possédait au moins une cheminée.
La bâtisse s’étendait sur trois étages, plus l’immense grenier condamné. Au rez-de-chaussée se trouvaient la cuisine, la salle à manger, le salon et le bureau du maître de maison, ainsi que quelques pièces inutilisés. Au premier se trouvaient les nombreuses chambres et salles de bains, le troisième étage étant réservé à la bibliothèque.
La jeune fille entra et se faufila parmi les rayonnages de chêne. Ils n’auraient pas pu choisir un autre matériaux, pour changer ? songea-t-elle avec agacement. S’accroupissant au niveau de l’étagère au raz du sol, elle entreprit d’en ôter les livres, découvrant le faux-fond qu’elle ôta avant de se faufiler dans le passage ainsi aménagé.
Allumant sa lampe torche, Angel rangea les livres et replaça le faux-fond, puis monta le vieil escalier, se retrouvant dans le grenier.
Son refuge. La cachette de ses affaires les plus précieuse. Un lieu parfaitement insonorisé.
La pièce s’étendait sur toute la surface de la maison et était donc gigantesque. Éclairée par la lumière de la lune à travers les fenêtres des chiens-assis, elle dégageait une atmosphère vaguement inquiétante. Des livres étaient empilés sur le sol sans ordre apparent, des instruments aux formes étranges occupaient un coin de la pièce, des formes étranges faites à la craie recouvraient les chevrons que formaient les poutres.
La jeune fille se changea, revêtant des vêtements moulants noirs, attachant ses cheveux en une longue natte et saisissant un sac à dos. Elle ouvrit l’une des fenêtres, se glissa à l’extérieur puis la referma, assise sur le large rebord en équilibre précaire, les pieds dans le vide. Avec une habilité dû à la pratique, elle se leva sur le rebord et se glissa sur les tuiles d’ardoises, puis escalada le toit jusqu’au faîte.
Angel jeta un coup d’œil autour d’elle, bien que ce soit inutile, la maison étant isolée sur ses deux hectares de terrain. Avec précaution, elle descendit de l’autre côté du toit.
Le toit de l’annexe attenant à la maison se trouvait dans le prolongement de celui du bâtiment, et il fut facile à la jeune fille de s’y glisser. Arrivée à la gouttière au bord du toit qui se trouvait à deux mètres du sol, elle sauta, se recevant avec souplesse.
Furtive, elle traversa la pelouse puis se glissa entre les arbres. Plusieurs minutes plus tard, Angel arriva au grillage délimitant la propriété qu’elle escala avec souplesse, avant de revêtir un long imperméable noir, rabattant la capuche sur sa tête pour dissimuler son visage. Il lui fallut un bon quart d’heure de marche à travers la forêt avant d’arriver au lycée, où un jeune homme de son âge l’attendait, un paquet dans les mains.
La jeune fille échangea le paquet de son sac avec celui de l’adolescent, après avoir vérifié.
- Qui es-tu ? murmura-t-il.
- Ça ne te regarde pas.
Le jeune homme fronça les sourcils.
- Je connais chaque personne du Côté de cette région, et je suis sûr que tu n’es pas l’une d’entre elles comme tu essaye de le faire croire. Pourquoi te caches-tu du Côté ?
Angel se mordit les lèvres, avant de répliquer :
- C’est peut-être parce que je suis de l’Autre.
L’adolescent éclata de rire.
- Ne me prends pas pour un imbécile. Ton niveau est trop important pour que tu sois quelqu’un de l’Autre qui essaye de devenir un des nôtres. Tu es du Côté, ça se sent.
La jeune fille fit mine de l’ignorer et de s’éloigner, mais il la retint, ôtant son imperméable semblable à celui d’Angel.
- Jouons franc-jeu.
Vêtu d’une sorte de kimono noir, ses cheveux noirs et nattés frôlaient le sol, encadrant un visage à l’expression trop mature pour son âge. Son corps était souple et musclé, et on apercevait le bout d’un tatouage sous le rebord du tissu sombre, au niveau de son poignet droit.
La jeune fille hésita, puis songea qu’il serait utile d’avoir un allié du Côté, que son mystérieux fournisseur, qui avait toujours été très aimable avec elle, ne lui voulait pas de mal.
Il regarda son visage un instant, avant de murmurer :
- Remonte ta manche droite.
Elle s’exécuta, dévoilant sa peau blanche que le jeune homme observa un court instant avant de la regarder droit dans les yeux, d’un regard si intense qu’il mit Angel mal à l’aise.
- Tu n’appartiens à aucun Clan, comment es-ce possible ?
Elle ne sut quoi répondre, ne comprenant pas. L’adolescent remonta alors sa manche droite.
Le long de son bras était tatoué un dragon noir, la queue enroulée autour du poignet, les ailes et les pattes griffues enserrant le bras tel un bracelet, la gueule entrouverte crachant des flammes noires sur l’épaule. La seule trace de couleur était ses yeux jaunes aux pupilles fendues et au regard inquiétant.
Angel frissonna. Le jeune homme laissa retomber sa manche et l’observa de nouveau.
- Qui es-tu vraiment ?
- Je ne vois pas de quoi tu parles, répondit-elle sèchement.
Non seulement elle l’ignorait en partie, mais en plus il était hors de question que quiconque soit au courant de l’héritage qu’elle supposait provenir de sa mère. Il n’avait sentit que l’héritage de son père, et c’était mieux ainsi.
Néanmoins, le dragon noir tatoué sur son bras la hantait inlassablement.
Étrangement, il ne la questionna pas d’avantage.
Si les autres personnes du Côté t’intéressent, reviens demain soir, même heure, même endroit. Mais à la façon du Côté.
Comme il était hors de question qu’elle se dévoile, la jeune fille refusa et prit congé, faisant le chemin en sens inverse pour rentrer chez elle. Une fois dans son grenier, Angel déballa le paquet.
C’était un livre très ancien à la couverture reliée de cuir noir recouverte de dorures. Elle l’ouvrit lentement, observant avec ravissement les signes étranges qui recouvraient les feuilles de parchemin.
C’était l’ouvrage original, sans aucun doute.
Ravie, elle se plongea dans sa lecture, mais le tatouage hantait toujours son esprit.
Quand elle quitta la maison le lendemain matin pour aller au lycée, Angel était de très mauvaise humeur. Le soleil tapait fort, et elle détestait ça. Comme à son habitude, elle avait chaussé ses lunettes de protection et portait un blouson à manches longues. Elle ne supportait pas l’été, car le soleil est au plus fort de sa luminosité, lui poignardant les yeux et couvrant sa peau blanche d’affreux coups de soleil. Sans compter la chaleur qui lui était insupportable.
Dès qu’elle fut arrivée à l’établissement, la jeune fille se réfugia à l’intérieur de la bibliothèque qui était toujours plutôt sombre et fraîche. Alors qu’elle ôtait ses lunettes, elle se sentit observée.
Un groupe de jeunes filles de sa classe la regardaient attentivement. Angel se sentit mal à l’aise. Elles étaient comme elle, et elle était comme elles. Avant, la jeune fille ne savait pas qu’il y avait autant de personnes du Côté dans la région, comme eux ne s’étaient pas rendus compte de son existence. En temps normal, ils arrivaient à dissimuler ce qu’il était réellement, mais l’été les trahissait.
Une jeune fille, Gaïa, s’avança et prit un livre près d’Angel.
- Fais attention, ILS ont tendance à débarquer en période de forte chaleur pour repérer les plus sensibles et… les éliminer, glissa l’adolescente au passage.
- Merci.
- Pourquoi restes-tu à l’écart ? C’est la meilleur façon de succomber à l’Autre !
Angel resta silencieuse.
- Certes, tu as réussi à te cacher jusqu’à présent, poursuivit l’adolescentes, mais ça ne durera pas. À chaque fois, ils nous envoient des professionnels en grand nombre malgré que la région soit calme.
Elle jeta un coup d’œil aux autres avant de poursuivre en faisant semblant de lire le livre :
-On les a même vu examiner ceux de l’Autre, pour une raison qui nous échappe totalement. La région devient extrêmement dangereuse pour nous, nos parents se préparent à migrer ailleurs.
Angel sentait la peur l’envahir.
- On est venue ici pour toi, car d’après ton fournisseur il y avait de grandes chances pour que tu viennes ici, acheva Gaïa en reposant le livre. Mets-ça.
Elle venait de sortir de sa poche une petite boite en métal contenant une paire de lentilles, et un flacon de crème solaire.
La jeune fille s’empressa d’obéir, et fourra son blouson dans son sac. Toutes les quatre, elle quittèrent l’infirmerie en parlant du beau temps, mine de rien. Angel se sentait bien. Pour une fois, elle ne se sentait pas seule et avait l’impression d’avoir de véritables amies. Cela, additionné aux lentilles et à la crème solaire, lui fit oublier partiellement l’intense chaleur.
Angel passa le reste de la journée près de Gaïa, Sandra et Déborah. Elles n’arrêtaient pas de bavarder, complices, et pour une fois la jeune fille oublia sa morosité habituelle.
Angel quitta la maison par le grenier, comme à son habitude. La pleine lune éclairait son chemin tel un guide. Elle marcha jusqu’à l’enceinte du lycée où l’attendaient Gaïa, Sandra, Déborah ainsi que le mystérieux fournisseur qui lui sourit. Ils se promenèrent un peu dans la forêt, discutant de choses et d’autres. Brusquement, ils se figèrent.
Les adolescents étaient encerclés.
À une centaine de mètres de distance, des adultes les observaient, l’air suspicieux.
- Gaïa, qui est cette jeune fille près de toi ? lança l’un deux.
- Angel. Du Côté.
Les adultes se rapprochèrent, dévisageant la jeune fille en question.
- A quel Clan appartient-elle ?
Le fournisseur prit la parole.
- Aucun. C’est une Isolée.
- Elle doit donc être testée. Mais ne restez pas là, l’Autre est déjà arrivé.
Les adolescents furent parcourus d’un frisson, sauf le jeune homme à la longue chevelure noire qui restait calme et pris la tête du groupe, donnant même des ordres aux adultes qui s’empressaient d’obéir. Les quatre jeunes filles échangèrent un regard étonné.
Dans le silence le plus complet, le groupe traversa la forêt, arrivant devant une immense bâtisse moderne où ils entrèrent, rejoignant des centaines de personnes de tous âges. Dans l’un des salons, un homme d’une quarantaine d’années discourait d’une voix forte.
- Il faut réagir, ou cette Llanphenâa va nous exterminer !
- Mais que faire ? répliqua un autre. Elle et les siens sont trop forts…
- Justement, c’est ce qui nous manque ! l’interrompit le premier.
Les autres ne comprirent pas.
- De quoi tu parles ?
- Avant qu’elle ne prenne les commandes, s’était la guerre parmi les siens. Elle a su les guider. Voilà ce qui nous manque, à nous. Un guide, quelqu’un qui arriverait à maintenir l’ordre parmi nous, quelqu’un respecté de tous, qui pourrait prendre le pouvoir.
L’homme se tourna vers l’adolescent au cheveux noirs, et les autres firent de même. Un long silence plana sur l’assemblée tandis que le jeune homme réfléchissait, les jeunes filles assistant à la scène, l’air éberlué.
- Je ne suis pas sûr d’être la personne qu’il vous faut, fit-il calmement. Et nous sommes pas les seuls du Côté.
- On s’en occupera après l’Autre, fit le premier homme.
Les jeunes filles se rendirent à la cuisine, discutant de l’étrange autorité que semblait détenir le jeune homme.
Elles s’apprêtaient à rentrer chez elles quand la maison explosa.
Il reste peit-être quelques faute, si c'est le cas j'en suis désolée, mais j'ignore de quelle version il s'agit.